lundi 11 juin 2012

Un article du journal l'Express - Législatives: le Front de gauche survivra-t-il à l'échec de Mélenchon ?

Par Michel Veron, publié le 11/06/2012

LEGISLATIVES - Le Front de gauche devrait obtenir entre 13 et 20 députés dimanche soir, dont un seul issu du Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon.
Reuters

Marquées par la nouvelle défaite de Jean-Luc Mélenchon face à Marine Le Pen, les législatives ne sourient guère au Front de gauche. Les communistes résistent tant bien que mal mais voient s'éloigner la formation d'un groupe à l'Assemblée nationale.
Gueule de bois au Front de gauche et notamment au Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon. Le duel de Hénin-Beaumont a tourné à l'avantage de Marine Le Pen, qui recueille 42,36% et qui affrontera finalement Philippe Kemel au second tour. Le socialiste devance d'environ 1000 voix Jean-Luc Mélenchon (23,50% contre 21,48%).

"On rate à très peu, c'est infime", a déploré Eric Coquerel, membre du PG qui accuse le PS de "continuer à considérer qu'il est plus utile de nous affaiblir que tout autre chose", après les visites sur place de Martine Aubry et Jean-Marc Ayrault. Accusant le coup, Jean-Luc Mélenchon a appelé ses troupes à "ne pas se laisser abattre", tout en disant avoir "le coeur paisible".

Nationalement, avec 6,91%, le Front de gauche fait moins bien qu'à la présidentielle. "On a une érosion" mais "il faut attendre" de voir le nombre de députés FG au soir du 17 juin, souligne Eric Coquerel. Le politologue Stéphane Rozes évoque un "score en demi-teinte": "décevant par rapport à la présidentielle" même si "en progression par rapport aux législatives 2007".
Le Parti de gauche marginalisé

Coté PG, seul Marc Dolez devrait être élu. En revanche, la députée sortante de Paris Martine Billard (13,01%) n'est pas parvenue à créer la surprise face à la jeune candidate du PS, Seybah Dagoma (43,60%). D'ailleurs, aucun cadre du parti n'est parvenu à se maintenir au second tour.

François Delapierre dans l'Essonne (16,69%) et Danielle Simonnet (16,29%) à Paris font des scores honorables mais ce n'est pas suffisant. En revanche, Alexis Corbière (7,79%) également dans la capitale ou encore Eric Coquerel (6,93%) en Corrèze ne sont pas parvenus à ramener à eux les électeurs qui avaient voté Jean-Luc Mélenchon au premier tour de l'élection présidentielle.

Déjà minoritaire en nombre de militants et d'élus, le parti de Jean-Luc Mélenchon va se trouver à présent totalement marginalisé au sein du Front du gauche. Avec un seul élu, il sera difficile pour le PG de peser dans cette coalition, en tout cas à l'Assemblée nationale.

Dans le même temps, les communistes, eux, sauvent les meubles. André Chassaigne (41,2%) devrait sans problème être réélu dans le Puy-de-Dôme au second tour, tout comme Alain Bocquet (46,6%) et Jean-Jacques Candelier (35,1%) dans le Nord. En revanche, le patron des députés PCF, Roland Muzeau (29,76%) est devancé par le socialiste Alexis Bachelay (32,51%) à Gennevilliers. Dans le Rhône, Michèle Picard, qui remplaçait le sortant André Gerin, est hors-jeu, tout comme Jean-Claude Renaux dans la Somme qui succédait à Maxime Gremetz après sa démission.
Le groupe parlementaire loin d'être acquis

Elections après élections, la prédominance des communistes s'essoufflent également en Seine-Saint-Denis. Marie-George Buffet (33,6%) est légèrement devant la candidate PS, Najia Amzal (30,5%) et François Asensi dépasse largement le maire Europe Ecologie-Les Verts de Sevran Stéphane Gatignon. En revanche, Jean-Pierre Brard (32,75%) est devancé par le socialiste Razzy Hammadi (36,71%). Idem pour Patrick Braouezec (31,2%) qui se retrouve derrière Mathieu Hanotin (36,5%).

La logique voudrait que les candidats de gauche arrivés en deuxième position se désistent au profit du mieux placé. Ce devrait être le cas de Jean-Pierre Brard. En revanche, Patrick Braouzec semble vouloir se maintenir à tout prix. S'il s'obstinait, le PS pourrait maintenir sa candidate face à Marie-George Buffet, qui se retrouverait alors en situation compliquée.

En projection de sièges, le Front de gauche, qui se veut en "autonomie conquérante" vis-à-vis du PS à l'Assemblée, obtiendrait de 13 à 20élus selon les sondeurs (15 élus nécessaires pour un groupe). Mais selon un cadre communiste pessimiste cité par l'AFP, le Front de gauche s'oriente plutôt vers 11 députés.

Inquiet, Pierre Laurent a fait savoir qu'il aimerait voir les règles d'obtention d'un groupe parlementaire modifié: "Même si nous sommes un peu en dessous des quinze nécessaires pour constituer un groupe aujourd'hui, il faudra modifier le règlement pour avoir un groupe à l'Assemblée nationale", a-t-il déclaré ce lundi. Le PS avait ramené le seuil de 15 à 10 élus au Sénat l'an dernier pour permettre aux écologistes de former le leur. Mais pas sûr, cette fois, que les socialistes concèdent ce cadeau aux communistes.

Avec AFP

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire